Tribus recensé à Paris en 1931

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======= T R I B U S _ E N _ F R A N C E ============
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Tribus est sans doute entré en France en 1922 (à 21 ans) à cause de l'enfer que les chemises noires faisaient vivre dans le Frioul, le Trentin et le Tyrol du sud où ils interdisaient les langues régionales, renommaient les villes et parfois les gens parce que lui et ses parents qui habitaient ce qui deviendra le no man's land de la forteresse de Rovereto, ont été exilés en 2 jours en 1915 très loin jusqu'en Bohême (Tchéquie) et n'ont été rapatriés que les derniers et pendant l'hiver 1918-1919 dans des wagons à bestiaux. Les soldats austro-hongrois avaient perdu la guerre et récupéré les petits poêles de tranchée pour les mettre dans les wagons à bestiaux et les chauffer. En plus l'état-major a du envoyer des télégrammes pour les faire accompagner par l'armée car les populations locales voulaient dépouiller au passage ces exilés qui avaient été un peu indemnisés pendant la guerre.

Ils sont revenus et on leur a donné une nouvelle identité italienne seulement après le traité de Saint-Germain-en-Laye, parfois appelé traité de Saint-Germain, signé le 10 septembre 1919 mais leur "petite Patrie" le Trentin était vraiment en ruine à l'ancienne frontière et d'autres jalousaient ceux qui avaient longtemps été indemnisés dans les camps de déplacement.

Si son père était vigneron et son vignoble sans doute détruit et ses caves, tonneaux, pressoir détruits, a-t-il pu récolter un peu de raisin en septembre 1919 avant de d'obtenir des papiers italiens?
Il a très bien pu partir en France dans le Sud-Ouest où des fermes étaient à vendre, à louer. En plus on y fait aussi du vin rouge. Dans le Frioul voisin, détruit lui aussi par la guerre, on raconte qu'à la sortie de la messe, on battait le tambour pour annoncer ces propositions françaises. D'autres sont carrément partis vers New-York ou l'Argentine. Tribus a-t-il suivi ses parents ou bien a-t-il suivi une formation artistique dans le Piémont ou la Lombardie avant d'entrer en France.

Avait-il commencé ses études artistiques?

En 1921 le décret autorisait les italiens à venir travailler en France sans autorisation administrative mais on leur faisait parfois signer un serment de respect de la France.

Tribus est-il monté tout de suite à Paris pour rejoindre de nombreux autres intellectuels italiens anti-fascistes?
Ou s'est-il arrêté comme beaucoup à Lyon ou Marseille?


Tribus a confié :

• aux gendarmes de Rennes en 1958 être entré en france en 1922
  
• à des témoins en Mayenne  avoir eu un prix de peinture à Venise
  
• à des témoins à Mordelles  avoir eu un 1^er prix de peinture à Venise et un prix de la Sorbonne
  

Nous pouvons donc supposer que Tribus s'est inscrit à Venise en septembre 1919 car il était devenu italien et qu'en juillet 1922 il obtient son prix, entre en France, monte à Paris et va s'inscrire en septembre 1922 à la Sorbonne.


Entre 1922 et 1931 nous ne savons pas exactement où il est passé.

Il a peut être aussi été employé pour décorer avec d'autres le pavillon italien à l'exposition coloniale de Paris de 1931.
Les gens du Trentin (anciens autrichiens) avaient-ils des avantages auprès des fascistes pour obtenir des commandes et leur faire sentir qu'ils étaient bien accueillis par l'Italie?

https://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/607099

Les italiens venaient souvent à leur arrivée à Paris aux Garibaldiens où on leur fournissait des adresses pour se loger, travailler, etc.

Rue des vinaigriers Paris 10e

Dans le 10ème où il sera recensé en 1931, non loin de là, il y a la Cité Héron dans lequel il y avait beaucoup de peintres, décorateurs, mosaïstes. Est-ce qu'il y aurait fait son apprentissage?
En 1926 Cité Héron il n'y a pas Tribus mais il y a  :




http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjAtMDMtMjkiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6MTE7czo0OiJyZWYyIjtpOjI2Mzg7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=-959%2C31&uielem_islocked=0&uielem_zoom=152&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F
Pleins d'italiens peintres, décorateurs, mosaïstes,...

A quel âge est-il venu à Paris? Où a-t-il fait ses études artistiques, avant de quitter l'Italie ou une fois en France?

Commissaire Maigret a écrit:
Il est sans doute devenu décorateur puisque vers 1932-33 notre petit Poucet nous a laissé une piste dans le Cantal en y décorant une pharmacie, l'ancienne pharmacie Reynaud-Vaissier, qui venait de se construire et il a laissé dessus son adresse de décorateur parisien :


Aussitôt nous allons vérifier dans le recensement parisien de 1931. Nous avons l'arrondissement mais cela ne suffit pas : on nous conseille de trouver le nom du quartier avec ce genre de dessin. Pas facile de retrouver la rue du Terrage... Il faut comparer un plan complet et ce dessin sommaire.


Dès lors on peut effectuer la recherche :

http://archives.paris.fr/s/11/denombrements-de-population/?

Et on trouve :

archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMTktMTEtMjQiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6MTE7czo0OiJyZWYyIjtpOjI5NzE7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=292%2C75&uielem_islocked=0&uielem_zoom=60&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F

On y note le statut matrimonial : c (célibataire y compris enfant), m (marié), V majuscule pour veuf ou veuve et enfin D majuscule pour divorcé(e)
Il y a d'autres italiens mais aussi des gens nés dans le Cantal : Léonie Boyer née en 1883 donc 48 ans (vue 557 en haut à gauche) ; un jeune journaliste, Louis Mangeris né en 1903 (vue 559 en bas à gauche);


Son prénom est Joseph, traduction en français de Giuseppe Guiseppe, il est donc bien "intégré"
Il est célibataire et ami du chef de ménage Jeanne Blangy (qui est donc propriétaire ou locataire du logement)
Donc au recensement de 1931, Tribus a 30 ans et vit maritalement dans le petit appartement d'une blanchisseuse, Jeanne Blangy née en 1897, célibataire de 34 ans, au 25 rue du Terrage 75010 Paris, à côté de l'Hôtel situé au 25 bis, à quelques minutes de la Gare de l'Est.
Il est fiché italien (n°6) Son métier est décorateur (n°14331) pas de patron indiqué donc il est son propre patron. En fouillant dans le recensement on trouve d'autres métiers classés sous ce même code : peintre, vitrier!, cimentier! Et on trouve d'autres étrangers (suisse, polonais, hollandais....) codés avec un autre numéro mais les italiens sont toujours codés "6".

Jeanne Blangy est né dans l'Oise, ce qui n'est pas un indice suffisant pour la retrouver.
De même pour Tribus les recenseurs parisiens ne notent pas la ville de naissance mais simplement le pays : Italie.

Je vérifie ensuite le recensement de 1926 et aucun des deux n'y est marqué à cette adresse. Mais il a pu habiter ailleurs....

Pour celui de 1936 c'est inutile puisqu'ils sont tous les deux recensés à Trizac (Cantal) à cette époque mais cette fois-ci c'est lui le chef de ménage qui loue.

Tribus était peut-être déjà à Paris en 1921 ou 1926 mais nous ne savons pas où chercher dans les recensements parisiens même si les étrangers sont notés d'un point foncé dans la marge.

Sherlock Holmes a écrit:
Un passionné a été consulté en salle le recensement de 1946 et a constaté que Jeanne Blangy était retournée dans cet immeuble et avait repris son emploi de blanchisseuse.

Voilà le 25 de la rue du Terrage avec l'hôtel contigu au 25 bis.
L'immeuble est immense car dans le recensement on ne trouve avant que le n°15 alors qu'aujourd'hui il y a le numéro 23 où il y a déjà une laverie.


Comment depuis Paris a-t-il été contacté pour venir travailler à Trizac? Est-ce un confrère pharmacien qui a donné l'adresse de son décorateur parisien au pharmacien de Trizac? (par exemple issu de la même faculté de pharmacie)
Une chose est sûre : Tribus est descendu à Trizac en 1932 (nous dit un autre enquêteur sur place) pour y décorer une pharmacie, il a mis son adresse de décorateur parisien puis il est logiquement remonté sur Paris. (sinon il aurait mis une adresse à Trizac)


Et un an ou deux plus tard ils ont dû avoir d'autres demandes puisque Tribus descend définitivement avec Jeanne Blangy à Trizac(Cantal) où ils seront recensés, c'est lui qui louera (chef de ménage) mais elle aura perdu son emploi...

La concurrence de décorateur parisien était-elle trop rude?

Ou bien les ligues de fascistes français   avec leurs défilés et leurs émeutes (14 à 18 morts dans la nuit à Paris) ont-elles rappelé à Tribus l'arrivée de Mussolini et des chemises noires?

Et le souvenir du petit village de Trizac, où l'accueil avait été chaleureux, lui apparaissait alors comme un havre providentiel loin de toute cette agitation politique?