Tribus revient définitivement à Trizac le 20 janvier 1935

L'année 1934 a bien mal commencé à Paris avec la manifestation du 6 février 1934 sur la Place de la Concorde et alentours. Heureusement la France n'a pas basculé dans le fascisme malgré ces quelques morts car aucune tentative de putsch n'a suivi. Ensuite les mouvements syndicaux ont su montrer leur calme et en 1936 c'est le cartel des gauches qui a remporté les élections législatives, tandis qu'en Italie depuis la marche sur Rome de 1922 Mussolini avait installé le fascisme au pouvoir et tandis qu'en Allemagne en janvier 1933 la chambre avait démocratiquement élu Hitler chancelier.

La décoration de la pharmacie en 1933 a suscité une demande de la part de gens aisés (propriétaire de la fromagerie, etc.). Avec l'adresse laissée en bas ils ont pu le contacter.

On va donc supposer que c'est au printemps 1934 C'est à l'hiver 1935 le 20 janvier que Tribus descend à Trizac avec Jeanne Blangy et se fait enregistrer comme étranger à la mairie. Celle-ci quitte son travail de blanchisseuse et perd donc les revenus de son travail.
Ils resteront ensemble au moins jusqu'en mai 1936 puisqu'ils sont recensés tous les deux à Trizac.


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== 1935 ==== T R I B U S _ A _T R I Z A C =========== 1936 ====
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https://www.cantalpassion.com/territoire/le-cantal/communes-du-cantal/108:trizac
Trizac, sa fontaine, son église


Le maire honoraire de Trizac m'a dit au téléphone que ce n'était pas la maison à droite sur cette photo :
Ils habitent parait-il dans l'immeuble donnant sur la place au dessus de l'actuel salon de coiffure et de la nouvelle agence postale?


https://www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/france/autres-communes-14/15-trizac-lhotel-de-ville-234368435.html
Ce n'est pas non plus la maison de gauche avec un magasin





https://www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/france/autres-communes-14/cp-trizac-en-avion-au-dessus-15-cantal-435227658.html


Alors je lance un nouveau jeu :


L'ancien maire de Trizac nous apporte enfin une photo essentielle :



Guiseppe Tribus habitait à Trizac avec son amie Jeanne Blangy l'immeuble dont photo ci-jointe donnant sur la place de la mairie,
dans un appartement situé au dessus de l'actuel salon de coiffure "le salon Solène" 9 Place de la mairie qui à l'époque de Tribus était un magasin Casino.

Commissaire Maigret a écrit:
Les recensements de Trizac en ligne : http://archives.cantal.fr/ark:/16075/a0114277070952coLfr

Tribus est recensé à Trizac en 1936
Au recensement de 1921 en dernière page (page 56) il n'y a aucun étranger.
A celui de 1926 il y a 5 étrangers polonais au quartier du Couvent  (page 11)
Au recensement de 1931 il n'est pas encore là (Normal! Il est recensé sur Paris!)
Au recensement de 1936 il y a 14 étrangers dont 2 au quartier Parjadis, Tribus est l'un d'eux (page 15), l'autre est aussi un peintre italien : Augusto Mion ou Nion (page 16)
Pas de recensement en 1941 à cause de la guerre!
Donc on ne peut rien trouver de plus dans les recensements. Il ne s'est pas marié donc pas d'acte de mariage. Les italiens étant des gentils travailleurs n'ont pas besoin d'autorisation administrative mais peut-être ont-ils un document d'identité, un passeport?


archives.cantal.fr/ark:/16075/a0114277070952coLfr/7/1
Recensement de Trizac en 1936, Quartier Parjadis (page 15, maison n°15 contenant 2 ménages)

Tribus est indiqué né en Italie...
Il est prénommé Guiseppe et non Giuseppe comme on s'y attendrait...
Son métier est peintre et il est Patron (et pas employé)
Jeanne Blangy née en 1897 à Compiègne est déclarée son épouse sans profession. Il a 35 ans, elle 39 ans.
Sont-ils mariés ou l'officier recenseur est-il compréhensif?
En tout cas le recenseur est bien bon car il note les lieux de naissance : Compiègne pour Jeanne Blangy! L'inspecteur Columbo peut donc aller fouiller l'état civil. Mais pour Tribus il ne note qu'Italie, même pas Trentin, Tyrol, Piémont ou Frioul, ou encore mieux Aviano Reviano

Quand au curé de Trizac il est assez âgé : Syvain Duval né à Collandres en 1876 donc soixante ans.

archives.cantal.fr/ark:/16075/a0114277070952coLfr/7/1   en haut de la page 11/55 (quartier sud-ouest)

Peut-être sera-t-il remplacé par un jeune collègue de séminaire de l'Abbé Eugène Bondis qui l'invitera à visiter sa cure????
Non! Aucun séminariste de l'époque de l'abbé Bondis (La Bazouge de Chemeré) n'est allé en Auvergne et la famille de cet abbé n'est pas non plus originaire d'Auvergne donc le mystère "pourquoi Tribus quittant StNazaire est allé à la Bazouge de Chemeré n'est pas résolu ici.

Inspecteur Columbo a écrit:
Ce qu'il y a de vraiment bien à partir des recensements de 1936 en province c'est qu'ils notent la ville de naissance! sauf pour les étrangers. Dommage pour Tribus mais pour son "épouse" cela permet enfin de bien la connaître.

Allons donc virtuellement à Compiègne en 1897...

Dans le résumé alphabétique des naissances en fin d'année on trouve :

http://images.compiegne.fr/4DCGI/Web_RegistreChangePage/ILUMP5453 page 420
ce qui nous renvoie au document traitant le 9 juin et au n°320

http://images.compiegne.fr/4DCGI/Web_RegistreChangePage/ILUMP5453 page 132

sur un site des archives de Compiègne en noir et blanc où j'ai du m'inscrire...

Jeanne Hélène Albertine Blangy n'est pas déclarée avoir été mariée à Tribus. Juste au crayon on note qu'elle s'est mariée le 9 janvier 1954 à Paris 10^e avec Pierre Stefani. Elle mourra à Nevers le 19 septembre 1980.

Un autre enquêteur parisien a mis son nez dans les vrais registres papiers de mariage de 1954 et a vu que Pierre Stefani était corse et pas italien.



Quelles sont les œuvres de Tribus à Trizac ou dans les fermes et les cafés d'alentour?
Tribus y a fait preuve de son talent de décorateur hors pair.
Toutes sortes de clients :

• les bourgeois vivant en ville toute l'année qui souhaitent une décoration élégante accordée à leurs riches mobiliers ;
  
• Les "parisiens" (cafetiers, ferrailleurs, etc.) qui reviennent chaque année au pays et veulent montrer leur réussite. Si la décoration est exhubérante ils n'y vivent qu'un mois par an dedans ;
  
• les paysans qui vivent isolés à l'écart et passent leur hiver enfermé à la maison avec leurs vaches laitières et ont besoin d'une décoration réjouissante.
  

Tribus saura avec chacun de ces clients-là offrir la décoration qui leur convient.

• De nombreux intérieurs de maisons :
  
  
  
  photo NC
  
  
  
  
  photo NC
  Voilà un magnifique décor pour un cafetier parisien qui rêvait d'avoir une ferme quand il revenait au pays
  
  
  Et parfois des décorations surprenantes qui sortent de l'ordinaire tribussien :
  
  
  Est-ce un souvenir de l'exposition coloniale de 1931 et du pavillon italien??????
  
  
• Des comtoises peintes comme ici à Vrauzans :
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
• la grande fresque dans une maison de Vrauzans
  Vrauzans est à 20 minutes à pieds de Trizac
  
  
  https://fr.mappy.com/itineraire#/pieton/Trizac%2015400/Vrauzans%2015400%20Trizac/walk/13
  
  
  photo NC
  un sacré boulot qui lui a pris un certain temps pendant l'hiver 1935-36
  
  
  
  
  
• la tête de Christ, cadeau de Tribus à celle qui lui a commandée la fresque précédente, qui se trouve sur le cantou
  
  article du journal la Montagne sur Tribus
  

  Cantou a écrit:
  

  
  http://lacorreze.com/documents/le_cantou.htm
  Un cantou en 1940

  Autour de l'âtre qui était l'unique source de chaleur de la maison, un cantou se composait de deux recoins en vis à vis, avec un banc-coffre à sel, l'archaban, et un fauteuil réservé à l'aïeul.

  
  

Au total Tribus a décoré 7 maisons à Trizac et alentour. Une maison a été peinte en 1936.

En Auvergne Tribus n'a pas l'air de cotoyer les curés ni de faire du théâtre.

Il décore les maisons, est amoureux ou triste, boit un peu trop, participe aux fêtes, fait des dettes. Les hivers sont peut-être plus difficiles à passer pour lui et il ne sait peut-être pas suffisamment économiser pour attendre les beaux-jours où viennent pendant un mois les riches cafetiers parisiens qui sont de possibles clients un peu jaloux de leurs voisins qui se sont offerts ce luxe l'année passée.

Quand le filon s'est tari, Jeanne a peut-être trouvé que la vie devenait difficile et elle est remontée sur Paris reprendre son appartement et son travail.

Tribus avait tendance à faire des dettes dans les bistrots. Buvait-il beaucoup parce que Jeanne était partie ou était-elle partie parce qu'il buvait tout l'argent?

Tribus a sans doute arrêté le loyer à Trizac.

Il est parti de nouveau au Vaulmier décorer une maison :

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== 1936 ==== T R I B U S _ A U _ V A U L M I E R =========== 1937 ==
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On peut y voir :

• dans le petit salon une fausse cheminée en faux marbre avec un faux feu qui couve...
  
  
  photo de la propriétaire
  
  
• dans la pièce principale, le dessus de cheminée en hommage à Bacchus le dieu de la vigne
  
  
  photo de la propriétaire
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  

Ces grappes ensoleillées avec le dieu Bacchus qui sourit et un paysage "italien"  me font penser aux vignes du père de Tribus à Reviano avant la guerre. C'est sa "petite Patrie", le Trentin qu'il peint pour nous faire rêver et pour reconstituer le paradis de son enfance.


Mais Tribus au Vaulmier était couvert de dettes dans les bistrots!....

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== 1937 ==== T R I B U S _ A _ L A S T A U L E S =========== 1937 ==
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En tout cas un fermier de Lestaules est venu régler toutes ses dettes et l'a emmené peindre sa ferme, c'était ce qu'on pourrait appeler un mécène. Dans sa ferme isolée, pour passer le long hiver avec les bêtes enfermées il lui fallait du technicolor dans sa pièce à vivre.

Fresque de chasse à Lastaules

photo NC

Témoignage : "Contrairement aux patrons les domestiques de la ferme se sont moqués de Tribus qui de rage aurait enlevé sa signature."

Est-ce parce qu'ils avaient reconnu une illustration du chasseur français ou d'un calendrier des postes dont Tribus se serait inspiré??????


Ensuite Tribus a commencé la vie de bohême, au jour le jour, un travail de peintre contre le gîte et le couvert, et il s'en est allé vers Riom-ès-Montagnes, bourgade un peu plus grosse, pour y chercher de nouveaux clients en particulier le café de la Gare.

L'aventure à Trizac s'est sans doute terminée ainsi. En 1939 Tribus est déjà à la Font Sainte au moment de la déclaration de guerre donc côté Riom-ès-Montagnes.