Giuseppe Tribus, peintre décorateur voyageur
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L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille

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L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Empty L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille

Message  Ulysse92 Jeu 30 Jan 2020, 14:15

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Aviano12
https://docplayer.fr/21374154-La-premiere-guerre-mondiale-sur-le-karst.html
Reviano est en face de Rovereto sur l'Adige
la carte parle de 1914 mais ce doit être 1915 car c'est seulement cette année-là que l'Italie a retourné sa veste.

wikipedia italie dit que Reviano a fait partie de la zone noire évacuée car trop proche du front.

Ah! Si toute l'histoire des gens et des lieux était aussi bien racontée que dans le village de Dermulo : http://www.dermulo.it/Index.htm


x a écrit:Le 24 mai 1915, dix mois après le début de la Première Guerre mondiale, l'Italie déclare la guerre à l'Empire austro-hongrois, trahissant le pacte de la Triple Alliance pour l'opportunisme politique depuis 1882 avec l'Empire transalpin et avec l'Allemagne. Dans le message historique signé par l'empereur François-Joseph, et diffusé au lendemain de la déclaration de guerre de l'Italie, le vieux souverain écrit:

"Après une alliance de plus de trente ans, l'Italie nous a abandonnés en période de danger et les drapeaux au vent, elle est passée dans le camp de nos ennemis."

Le jour même de la "trahison", les troupes italiennes franchissent la frontière de Primolano et entrent en Autriche par la Valsugana. C'est à partir de ce moment que commence l'exode des populations du Trentin situées le long de la soi-disant "zone noire" (Alta Val di Sole, Valli Giudicarie, Val di Ledro, Riva del Garda, Valle di Gresta, Mori, Rovereto, Altopiano di Folgaria, Valsugana)
la «ligne de front» où les combats deviendraient bientôt les plus violents et sanglants.
http://www.televignole.it/profughi-trentini-della-prima-guerra-mondiale/


Le 24 juillet 1914 l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie alliée avec la Russie qui intervient en envahissant la Galicie.
Les gens du Trentin en âge de se battre sont mobilisé pour partir sur ce front.
L'Allemagne envahit le Luxembourg et la Belgique provoquant l'entrée en guerre de la France et de la Grande-Bretagne. En août la guerre est mondiale.
Le 23 mai 1915 l'Italie déclare la guerre à l'Autriche (donc au Trentin)

En août 1914 comme le père et les frères aînés de Tribus sont nés :
- Giovanni le père est né le  14 mars 1866 il a 48 ans en août 1914 et 5 enfants donc ne doit pas être mobilisé mais transformé en constructeur de fortifications
- Ettore le fils aîné est né le 25 octobre 1897 donc en août 1914 il n'a pas encore 17 ans et en mai 1915 il n'a pas encore 18 ans ; cependant je sais qu'il sera mobilisé quand il aura l'âge car j'ai vu son enregistrement
- Sisino le frère cadet est né le 17/08/1899 donc il vient d'avoir 15 ans et il aura 16 ans en 1915 donc il sera peut-être pris pour des travaux de fortifications lors de l'étape à Salzburg.

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En 1915 les italiens envahissent le bas du Trentin et font pression sur des villes proches du front :
L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Italia10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Batailles_de_l%27Isonzo#/media/Fichier:Italian_Front_1915-1917.jpg
La partie violette, c'est la zone que les Italiens ont prise aux Trentins


Les populations déplacées du Trentin :

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille 15852_10

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille 15853_10

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille 15854_10
http://www.trentinograndeguerra.it/context.jsp?area=100&ID_LINK=240&id_context=9572#lightbox[set]/2/

Un exemple d'un village situé plus bas en plein combat : Nomesimo, dont les gens se sont d'abord réfugié à Patone.

Cecilia Pizzini dans SOUVENIRS D'UNE RÉFUGIÉE a écrit:
"Le matin des premiers mois sur la route [...]. Nous sommes partis vers six heures du matin sans but, sans destination. [...] Ce n'est qu'à six heures du soir que nous sommes arrivés à Patone en partant dès le lever du soleil et en errant toute la journée avant de suivre pendant deux heures le chemin de Patone.
Le 26 mai, tous ceux qui voulaient retourner chercher ce qui restait à Nomesino y ont été autorisés mais à leur arrivée un triste spectacle les attendait. "Quelle ruine! Que de destructions en trois jours!" [...] Les meubles, les vêtements, etc. nageaient dans le vin car ils avaient été déposés dans les caves. Le 4 septembre, l'ordre de quitter Patone est arrivé, la population s'est dirigée vers Calliano. Ils sont ensuite partis vers le nord et sont arrivés à Salzbourg le sept. [...] le matin du dix, un vendredi, en une demi-journée, nous étions arrivés à Prague, la capitale de la Bohême.
Enfin, le quatorzième jour un mardi vers trois heures du soir, nous sommes arrivés à Piesling (Pisečne, République tchèque) en Moravie. "

Dans la mémoire de Cecilia, cette ville d'environ sept cents habitants, est à trois heures de la capitainerie, qui était située à Daschiz (Dačice). Ici, le peuple était répartie entre ceux qui seraient soumis au maire juif et ceux au maire chrétien, la division se faisait indépendamment de la religion. Le camp était équipé d'un bureau de poste, d'un cabinet de gendarmerie, les manèges arrivaient deux ou trois fois par an et le marché avait lieu tous les trois mois, où l'on pouvait trouver des vêtements, des tissus, des chaussures et des bonbons. L'église et le cimetière étaient situés dans un village voisin, Noistiff (lieu non identifié)."

À Righes (localité non identifiée), décrite par Cecilia comme un petit mais riche village, les exilés sont partis à la recherche de beurre, de lait, d'œufs, de farine, des produits de première nécessité. Certains habitants de Nago et Riva (au bord du lac de Garde) ont également été déplacés dans cette ville. La famille de Cecilia a connu le sort de beaucoup d'autres, elles ont eu la chance de pouvoir rester ensemble quelques jours, mais ensuite sa sœur, certains oncles, ses beaux-frères ont dû partir certains à Leibnitz, d'autres à d'autres endroits de Bohême.
http://www.anamori.org/trinceenagiagrom/valdigresta/partenzaesilio_ricordidiunaprofuga.html

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Trenti12
https://calenda.org/391157?file=1


LE CONTEXTE HISTORIQUE


Une analyse du Tyrol par le musée de la guerre :
Nicola Fontana et Mirko Saltori a écrit:
Introduction

La région du Trentin, aujourd'hui une province de la République italienne, était la partie la plus méridionale du Tyrol au XIXe siècle, à la frontière sud-ouest de l'Empire austro-hongrois (Elle était surnommée en mal le "WelshTirol" par ceux qui parlaient allemand). Après que les terres de Lombardie-Vénétie ont été cédées au Royaume d'Italie en 1866, le Trentin est devenu une zone frontalière.

D'un point de vue administratif, il n'y avait pas de zone identifiée comme "Trentin": une telle zone coïncidait avec la partie italophone du Tyrol du Sud, au sud du col du Brenner. Elle faisait donc partie du Land Tirol et Innsbruck en était sa capitale. Innsbruck était également le siège de la diète provinciale, à laquelle, en 1914, Alcide Degasperi (1881-1954) et Cesare Battisti (1875-1916) furent élus.

Avant la Première Guerre mondiale

À la veille de la Première Guerre mondiale, la population du Trentin était de 377 039 habitants. La structure économique était principalement agro-forestière-pastorale. Il y avait des centres de fabrication pour la transformation du tabac, mais en général il n'y avait pas d'industrie importante. Dans ce contexte, la crise de la fin du XIXe siècle a déclenché une migration importante, saisonnière et permanente. Une plus grande rationalisation de l'agriculture a été introduite à la fin du siècle. La même période a également vu le développement de l'industrie du tourisme et la mise en œuvre d'une coopération en matière de consommation et de crédit, portée principalement par le mouvement catholique. D'une manière générale, le début du nouveau siècle a vu une amélioration des conditions de vie de la population.

Un bon niveau d'alphabétisation a été atteint grâce aux réformes de l'enseignement public. L'Église catholique a exercé une profonde influence sur les habitants du Trentin, en particulier dans les vallées, par le biais de prêtres, dont la présence sur le territoire était étendue.

La fin du XIXe siècle a vu le développement de la presse et la formation de mouvements politiques (d'abord libéraux, puis socialistes et catholiques) ainsi qu'un associationnisme généralisé. La lutte politique a été revigorée notamment par un aspect du débat reprenant la question des nationalités. L'échec des initiatives pour parvenir à l'autonomie gouvernementale a été l'un des facteurs qui ont intensifié le débat public et créé les conditions d'un irrédentisme généralisé parmi la classe moyenne urbaine et les étudiants, dans une zone densément peuplée d'italophones (l'irrédentisme italien consistait pour les italiens à vouloir regrouper toutes les terres parlant l'italien : le Trentin, l'Istrie, l'île de Gorizia, Trieste et la côte Dalmate et l'irrédentisme autrichien ne voulait pas de ces territoires). Un tel mouvement considérait la population des vallées du Trentin comme presque entièrement étrangère, car leur vision catholique largement traditionnelle ne dépassait jamais la «petite patrie», pas tellement liée à l'idée de l'État autrichien mais plutôt à la figure paternelle de François Joseph Ier, empereur d'Autriche-Hongrie (1830-1916).

Première guerre mondiale

Avec l'ordre de mobilisation générale du 31 juillet 1914, des hommes du Trentin sont enrôlés comme Kaiserjäger et Landesschützen (chasseurs et tirailleurs impériaux) et envoyés au front, principalement en Galicie. Beaucoup d'entre eux ont été faits prisonniers par les Russes. La plupart sont retournés en Italie, après des voyages qui les ont emmenés jusqu'en Chine ou aux États-Unis. 55 000 hommes du Trentin ont été enrôlés pendant la guerre.

Dans le même temps, les premiers problèmes d'approvisionnement alimentaire ont commencé, alors que les ressources humaines disponibles étaient employées pour l'armée. Avec la déclaration de guerre de l'Italie contre l'Empire austro-hongrois le 23 mai 1915, le Trentin se retrouva au milieu des opérations militaires. Cela stoppa la vie civile tandis que les villes de Trente, Rovereto et Riva del Garda ont été transformées en bastions militaires.

A la frontière italienne mouvante vers le nord, près de 700 hommes du Trentin se sont portés volontaires dans l'armée italienne. Parmi eux se trouvait le leader socialiste Cesare Battisti. Les premières opérations ont ainsi divisé la région en deux parties: l'une sous la domination autrichienne et la zone la plus au sud sous la domination italienne. Les personnes vivant près du front ont été évacuées. Les réfugiés, au nombre d'environ 110.000, se sont retrouvés soit dans l'empire austro-hongroise (par exemple en Bohême), soit en Italie. Une partie de la population a été internée ou confinée dans des camps pour des raisons politiques aussi bien en Autriche qu'en Italie. L'évêque de Trente, Celestino Endrici (1866-1940), a été emprisonné à Heiligenkreuz. Cette décision a refroidi les sentiments loyalistes de nombreux catholiques du Trentin, déjà éprouvés par la prolongation de la guerre et l'activité des tribunaux militaires.

Le Trentin est devenu une zone de guerre, en particulier dans le sud-est où la Strafexpedition ("Expédition punitive" ou Offensive du Trentin également appelée Bataille d'Asiago, Bataille des Plateaux) a été déclenchée au printemps de 1916. Battisti a ensuite été capturé et exécuté à Trente le 12 juillet 1916. La guerre de montagne est devenue une caractéristique de cette région. Les problèmes d'approvisionnement se sont poursuivis et se sont aggravés en raison du manque de main-d'œuvre masculine, malgré la présence de prisonniers russes et serbes dans les campagnes, qui étaient également utilisés pour la construction militaire.

La situation au Trentin et le sort de ses réfugiés et prisonniers ont été abordés lors de la réouverture du Parlement en 1917, en particulier grâce au travail des députés catholiques. Le Trentin a finalement été occupé par les troupes italiennes le 3 novembre 1918 et officiellement annexé au Royaume d'Italie le 26 septembre 1920. La guerre a causé la mort de 11 000 soldats du Trentin, la destruction de villages entiers sur la ligne de front.
https://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/trentino

Quand on parle de Galice, ce n'est pas le nord ouest de l'Espagne, c'est en fait la Galicie :
L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Galizi10
https://it.wikipedia.org/wiki/Regno_di_Galizia_e_Lodomiria

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Map_of10
https://it.wikipedia.org/wiki/Regno_di_Galizia_e_Lodomiria

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille 1162px10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Galicie

à ISERA (Reviano) ils ont été déplacés en Bohême cf le livre :  C. Turella, L’esilio  in Boemia della popolazione di Isera, con riferimenti alle popolazioni limitrofe, in «Quattro vicariati e le zone limitro-fe», a. 24, n. 48 (dicembre 1980), pp. 59-66

De Gaspieri a écrit:Dans un discours au Parlement le 12 juin 1917 concernant la discussion d'un projet de loi sur les réfugiés, De Gasperi a déclaré: On sait avec certitude, par exemple en ce qui concerne le Trentin, qu'au moins 70% des personnes déplacées n'ont pas été évacuées sur la base de motivations économiques ou purement militaires, mais sur la base de motivations partiellement militaires, c'est-à-dire pour des raisons politiques et policières, et celles-ci n'ont pas été effectivement évacuées - c'est un terme euphémiste - mais exilées.

En 1914 Tribus a 13 ans : Il a peut-être vu son père et son frère aîné être mobilisé.
En 1915 Tribus a 14 ans : Il part sans doute avec sa mère et ses frères en population déplacée de force vers la Bohême. Le train a du les emmener à Bolzano puis Innsbruck la capitale du Tyrol, puis Salzburg puis sans doute vers Lintz où il a traversé le fameux Danube pour aller en Bohême...
Il ne reviendra qu'en 1919 âgé de 18 ans dans un pays détruit. Sa famille a-t-elle émigrée directement? Comment a-t-il pu suivre un enseignement artistique? Dans les camps? Est-ce d'être allé en Bohême qui lui a donné le gout de la bohême?

Pour un peu ils partaient en Italie!... Si l'armée italienne avait été assez efficace pour envahir jusqu'à Reviano assez vite. Au lieu du climat de la Bohême ils auraient découvert la chaleur méditerranéenne de Naples. Un autre genre d'exode, aussi long et un retour aussi désespérant une fois la paix revenue.


L'ORDRE DE L'EXODE

Association Borgo Antico a écrit:Le 24 mai, le capitanat de district de Vallagarina a émis l'ordre d'évacuation générale des municipalités d'Ala, Mori, Brentonico, Pannone, Isera, Reviano-Folas, Lenzima, Vallarsa, Noriglio, Terragnolo, Trambileno, Folgaria , Lizzana, Lizzanella, Marco, Chizzola, Serravalle, Sacco et Rovereto. Les autres Capitanats ont fait de même pour Valsugana, Valle del Chiese et Basso Sarca. L'avancée rapide de l'armée italienne dans la partie sud du Trentin (fin mai, le front était déjà à Castel Dante, au-dessus de Lizzana, banlieue sud de Rovereto aujourd'hui), a annulé partiellement et momentanément l'ordre d'expulsion totale qui a été exécuté plus tard par les autorités alors que les soldats italiens procèdent à leur tour à l'expulsion, vers l'Italie, des villages du Trentin occupés lors de l'avancée des premiers jours de la guerre.
http://www.associazioneborgoantico.org/files/quaderno_17.pdf

L'Adige, quotidien indépendant a écrit:

L'exode tragique du peuple du Trentin, réfugié dans son pays natal

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Fullsi10
Le camp de concentration de Leibnitz où les Autrichiens ont rassemblé une grande partie des réfugiés galiciens et interné de nombreux...

La grande affiche avait été placée sur les portails de la mairie, des bureaux de poste, des églises de Trente le lundi 24 mai 1915 quelques heures après la proclamation annonçant la déclaration de guerre faite par l'Italie à l'Autriche. Dans chaque quartier, il a été lu d'une voix de stentor par un crieur public accompagné d'un trompettiste. C'était l'ordre d'abandonner la ville déclarée forteresse. Ce fut le début de l'exode tragique du peuple du Trentin destiné à devenir réfugié dans son pays natal, chassé à l'intérieur de la monarchie, contraint de quitter son domicile pour vivre, dans un crescendo d'épreuves, dans les «villes de bois» jusqu'en 1919 pour ensuite retourner sur un territoire dévasté.
Également à Rovereto, un crieur public et un trompettiste ont lu l'affiche encadrée où était écrit "Evacuation". L'ordre était impératif: "Ceux qui partent doivent prendre leurs fournitures pendant 5 jours et une couverture." Un seul bagage de 5 kilos pouvait être transporté. Les animaux ont dû être libérés des écuries, livrés au groupe. Fermez les fenêtres et la porte de la maison. Un peuple entier contraint d'abandonner sa terre sous la menace de l'armée qui voulait la défendre à coups de canon.

Voilà l'origine de la duplicité de l'Italie qui a taché sa réputation, avec sa déclaration de guerre en 1915 à l'Autriche, la rupture d'un pacte d'alliance de trente ans, une blessure à l'esprit du Risorgimento à la suite du troc de territoires et de nouvelles frontières dictées par un "égoïsme sacré" qui ne tenait pas compte de la volonté des peuples enracinés dans ces terres, mais seulement du cri des irrédentistes, interventionnistes, bellicistes en quête de la guerre contre "l'ennemi barbare du nord". C'est ce que nous pouvons lire dans les journaux de l'époque.
Ce fut l'origine de la tragédie d'une population contrainte de fuir sous l'irrésistible avancée, semblait-il, avancée de l'armée royale sur Trente, ville symbole des attentes des interventionnistes. Cela pourrait devenir un nouveau Przemysl, la célèbre forteresse sur les rives du San, conquise par le "rouleau compresseur russe" et que les Hongrois d'Austriche-Hongrie regagneront en juin de cette année désespérée au prix de milliers de morts chez les soldats et les civils.

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L'affiche signée "Der K.u.K Festungskommandant", le commandant de la forteresse qui a pris tous les pouvoirs, est aussi dure que toutes les proclamations émises dans des villes conquises pendant une guerre. "Je préviens la population que ceux qui s'opposeront aux ordres donnés ou ceux qui prendront des mesures hostiles contre l'armée sont soumis à des lois d'exception (guerre) très dures et seront par conséquent condamnés aux peines les plus sévères". La liste des menaces est lapidaire: «Quiconque endommagera des bâtiments ou des lieux publics ou importants pour la défense de la forteresse tels que télégraphes, téléphones, chemins de fer, circuit d'eau, de gaz ou d'éclairage, ainsi que quiconque conspirera de quelque manière que ce soit avec l'ennemi, sera soumis à la peine de mort. "
Puis l'ordre d'abandonner le périmètre de la cité forteresse nous arriva. Le départ du Trentin pour des lieux inconnus, mais qu'on comprenait immédiatement comme très lointain, aura lieu exclusivement avec les trains de la voie ferrée sud. Impossible de s'opposer à l'ordre d'abandonner la ville et les villages : le terrain devait être débarrassé de toute la population civile pour se préparer au combat.

Les premiers à partir le mardi 25 courant étaient, selon l'organisation militaire, les habitants appartenant à la paroisse de Santa Maria Maggiore. Avec ce premier train est parti un premier groupe qui comprenait les habitants du sud de la via Roma, de la place de la Portèla, de la place Leonardo da Vinci et de la rue San Lorenzo. L'affiche indiquait : «Ils devront être prêts à 6 heures du matin sur la place du monument de Dante et de là ils seront accompagnés à la gare et monteront dans les trains. Le deuxième groupe, comprenant le reste du district paroissial, partira à 8 heures du matin".
Ce départ fut le premier drame pour les habitants de la Portéla (qui malheureusement connaîtront bien plus tard le fameux et tragique bombardement du 2 septembre 1943); c'était une vraie tragédie pour ces femmes qui s'étaient rassemblées devant la mairie le 15 avril en criant "pain et paix" et une tragédie encore plus aiguë pour les mères, les épouses, les petites amies, les sœurs qui avaient déjà perdu un homme tué lors des combats en Galicie ou en Serbie (combats commencés en 1914). Des femmes forcées de faire face à de dures privations et à de nouveaux deuils en ce mois de mai que la propagande et la mémoire continuaient d'appeler un mois "radieux".

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Groupe après groupe, train après train, les habitants de Rovereto et de Trente partent sous la menace de l'avance italienne qui s'arrêtera à Ala le 28 octobre 1918. Femmes, hommes âgés, enfants contraints de quitter la maison, l'église, l'école, le cimetière. "Tous les habitants de la paroisse du Duomo" et, comme le dit le manifeste, "tous les habitants appartenant à la paroisse de Piedicastello et Vela devront être prêts à 10 heures sur la Piazza di Piedicastello". Ce sont tous des fermiers contraints d'abandonner leurs potagers, leurs arbres fruitiers, leurs vignes, leurs animaux qui grattaient dans la cour de ferme, en partie réquisitionnés par les soldats de la garnison qui avaient déjà pris les chevaux de trait. "Dans l'intérêt de la population à transporter, il était recommandé d'en emmener avec soi pendant quelques jours, car suite aux grands embouteillages du transport, les difficultés d'approvisionnement deviendront presque inévitables. En même temps, il est absolument nécessaire que tout le monde ait une couverture et il est conseillé que tout le monde puisse prendre un coffre à main avec un porte-étiquette clairement appliqué, afin qu'il ne puisse pas être annulé ou détaché, indiquant leur nom, prénom et origine ». Cinq kilos. Pas un de plus.

Ici, ce soir-là, cela a dû être de l'angoisse et des prières, rassembler la nourriture, les vêtements, des images saintes, les lettres des parents sous les armes récemment arrivées de Galicie. La rencontre avec le curé après le service religieux fut bref. Les très rares personnes qui restaient en ville par décision du commandement de la forteresse afin de contrôler les quartiers qui allaient être désertés, reçurent à cette occasion quelques recommandations.
Le Royaume d'Italie avait déclaré la guerre. Les habitants du Trentin doivent fuir au-delà du col du Brenner, au-delà des montagnes, vers des zones de l'empire. On ne trouvait que très peu d'optimistes même si on croyait encore une fois que tout finirait vite, du moins sur le front italien, car "l'ennemi perfide du sud", comme nous le lisions sur le manifeste de l'empereur, serait battu en quelques semaines. À Novara et à Custoza, lorsque les trains montant vers le nord devaient s'arrêter pour laisser descendre vers le sud les trains chargés d'armes et de soldats, c'était un chœur d'acclamations : tout le monde se penchait par les fenêtres ou les portes des wagons et envoyait des saluts frénétiques. Personne n'aurait pu imaginer que cette guerre durerait jusqu'à la fin de 1918, faisant tomber le Trentin dans la misère.
C'est pourquoi lors de l'italianisation en 1919 beaucoup de Trentins n'ont pas voulu exposer le Tricolore (drapeau  italien) ou s'ils l'ont fait, ils l'ont hissé en berne et avec un bandeau noir, la couleur du deuil, en mémoire de ce qui fut une tragédie (dont on se souvient encore aujourd'hui malgré un siècle passé).

Un souvenir émouvant est aussi celui laissé par l'enseignante Maria Gabrielli qui, née le 3 juillet 1912 à Selva di Levico enseigna en 1932 à l'Institut Rosmini de Trente, puis à Grumes à Val di Cembra, Terragnolo, Campiello pour arriver - ce fut en 1944 - à Carzano à Valsugana. "Lorsque la guerre avec l'Italie a éclaté en 1915, la fuite de ces pauvres de Selva di Levico vers les montagnes s'est déroulée dans la désolation. Les femmes qui pleuraient leurs maris au front traînaient des enfants atteints de la rougeole à chaque étape. On a essayé de tout sauver. Du bétail, des ballots et même une jeune fille inerte atteinte de la polio".

Toujours de la mémoire de Giovanni Agostini né à Carzano le 8 août 1912. "Dans les premières semaines, un jour ce sont les soldats Italiens qui arrivent et le lendemain ce sont les Autrichiens. Il n'y avait pas encore de front bien marqué. Depuis Tezze, dans les premiers jours de la guerre, on pouvait voir tous les villages du Val Sugana brûler, on pouvait voir la fumée et les flammes la nuit. Puis un jour, les Italiens nous ont dit d'aller à Samone mais de rester calme car ils nous ramèneraient à la maison. Au lieu de cela, ils nous ont emmenés à un endroit où un train s'est arrêté et nous avons été exilés à Naples. Les journaux avaient écrit qu'ils nous avaient pris par les bois aussi ceux de Naples pensaient que nous avions des cornes comme des cerfs. Ils ont couru vers la gare et se sont émerveillés de nous voir sans. Nous sommes retournés à Carzano à Pâques 1919 et n'avons trouvé que des décombres. "

Le sentiment d'aujourd'hui? Il ressort de "Tralci di Guerra", un monologue d'une Vigna d'Enantio magistralement écrit par Francesca Aprone avec cette "terre rachetée ... rachetée par quoi?" Destiné à susciter de nouvelles controverses chez ceux qui se souviennent bien peu de l'histoire du Trentin. Et avec cette chanson Monti Scarpazi hymne pacifiste, chanson d'amour poignante et prière profonde. Encore une fois de l'écriture de Francesca Aprone: «A propos des chansons, lorsque vous aurez fini de lire tout cela, dites à vos enfants, vos enfants, vos maris, vos amis qui, au service militaire ou lors de rassemblements alpins, chantent la Légende du Piave avec un cœur gonflé de fierté, dites-leur que lorsque l'armée a marché pour atteindre la frontière pour faire une barrière contre l'ennemi, l'ennemi c'était leurs arrière-grands-parents. Dites-leur que lorsque le Piave murmura l'étranger ne passe pas, les étrangers, l'ennemi, c'était nous!".

https://www.ladige.it/blogs/lanterna-magica/2015/06/05/tragico-esodo-popolo-trentino-profugo-propria-patria


Voilà le fameux chant :

Sui Monti Scarpazi

Quando fui sui monti Scarpazi
"Miserere" sentivo cantar.
T'ò cercato fra il vento e i crepazi
Ma una croce soltanto ò trovà.
T'ò cercato fra il vento e i crepazi
Ma una croce soltanto ò trovà.


Oh mio sposo eri andato soldato
Per difendere l'imperator,
Ma la morte quassù hai trovato
E mai più non potrai ritornar.
Ma la morte quassù hai trovato
E mai più non potrai ritornar
.

Maledeta la sia questa guera
Che mi ha dato sì tanto dolor.
Il tuo sangue hai donato a la tera
Hai distruto la tua gioventù.
Il tuo sangue hai donato a la tera
Hai distruto la tua gioventù.


Io vorei scavarmi una fossa,
Sepelirmi vorei da me
Per poter colocar le mia ossa
Solo un palmo distante da te.
Quando fui sui monti Scarpazi
"Miserere" sentivo cantar.



Quand j'étais dans les montagnes Scarpazi
J'ai eu envie de chanter "Miserere"
Je te cherchais entre le vent et les crevasses
Mais seule une croix trouvera.
Oh mon mari tu étais parti soldat
Pour défendre l'empereur,
Mais la mort ici tu as trouvé
Et vous ne pourrez jamais revenir.
Maudite soit cette guerre
qui m'a fait tant de mal.
Votre sang que vous avez donné à la Terre
Vous avez détruit votre jeunesse.
Je voulais creuser une fosse,
J'aimerais m'enterrer
Afin de placer mes os
À quelques pas de toi.

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Profug10
https://www.anamontegrappa.it/index.php/20-per-non-dimenticare?start=5
Les exilés du Trentin en partance

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille San20p10
https://www.anamontegrappa.it/index.php/20-per-non-dimenticare?start=5
Les militaires occupent les villages : ici San Pietro



Association Borgo Antico a écrit:
Pendant des mois, la guerre a fait rage à Galitante, en Bucovine, en Hongrie et en Serbie; les appels au service militaire se multiplient, des entreprises de travailleurs militarisés sont dispersées dans les pays frontaliers pour creuser des tranchées et des grottes, aménager des barbelés, ériger des forteresses, d'abord sur Pasu-bio, Zugna, Vignola et Baldo, puis à Finonchio, à la Porte di Rovereto, sur les côtes de l'Isera, à Lenzima et sur le Mont Faè. Vers fin avril et début mai, des mortiers et des canons sont transportés dans les bois de Senzello et Foianeghe, passage de matériel de guerre: en une seule journée plus de deux cents wagons chargés de fers, de filets, de tôles galvanisées, etc. traversent Isera.Après le 20 mai commence l'internement de personnes politiquement suspectes. On fait exploser à la dynamite les maisons le long du Leno, la villa Tacchi, le couvent des dames anglaises (où "el prà delle moneghe" est maintenant resté, le long de l'actuelle Via Benacense) et l'usine Cofler qui brûle avec une lueur sinistre pendant une nuit entière. Le 23 mai, le pont sur l'Adige di Mori saute avec un grand fracas, les tirailleurs de Bressanone arrivent à Isera, parmi lesquels je remarque un vieux de 70 ans et un garçon de 15 ans.
Le matin du 24 mai apparaissent sur les murs les grandes affiches: c'était la proclamation de François Joseph «A mes peuples! Le roi d'Italie m'a déclaré la guerre ... "Quelqu'un murmure que peut-être demain l'armée italienne viendrait en ville!" Mais cela n'a pas dû arriver si tôt. Le 25, on entend le canon tonner sur le plateau de Folgaria et Lavarone. Le lendemain soir, il nous est conseillé d'être prêt pour une éventuelle évacuation du pays : cela semble impossible, mais dans la matinée du 27 l'ordre péremptoire que dans 48h toute la population civile doit se trouver à la gare de Rovereto; ceux qui resteront seront fusillés. Tout le monde peut emporter seulement un sac de 5 kilogrammes au maximum. Quelle consternation! Quel abattement! C'est un tumulte, une confusion générale. Les quelques hommes, femmes et enfants se précipitent pour ramasser les objets les plus chers, cachant ce qu'ils peuvent dans les lieux les plus sûrs et ne pensent pas qu'ils auraient tout gardé pour les voleurs.

La nouvelle s'est répandue qu'ils reviendraient dans quinze jours, aussi nombreux étaient ceux qui laissaient leurs meilleurs vêtements afin de ne pas les ruiner pendant le voyage. Quelqu'un essayait de calmer leur douleur en buvant beaucoup de ce vin qu'il savait devoir abandonner et prévoiyait qu'il finirait bientôt dans une autre gorge. Nouvelle infamie: les soldats qui gardaient aussi des charettes et des animaux à leur disposition, ne prêtaient aucune aide, au contraire, on en voyait certains sourire à la pensée de tant de biens laissés en abondance par chaque famille. Nous espérions qu'ils ne pourraient pas rester si longtemps maîtres de nos biens!

Avant de partir, notre belle église nous a tous accueilli, peut-être pour la dernière fois. Quelle vue douloureuse! Dieu! Accorde ta clémence aux pauvres réfugiés, accompagne-les dans l'exil, donne-leur la résignation! Seul, à deux, en groupe, avec bourses, sacs, couvertures, valises, ils descendent tous au son de l'alerte de la Scalette vers Sacco. Le vieux Don Lodovico se traîne en murmurant les paroles des exilés juifs: "Super flumina Babylonis ..." Les plus jeunes crient, les plus grands, attirés par la nouveauté et la perspective d'un long voyage en train, sont de bonne humeur; les vieux silencieux, étourdis, s'arrêtent parfois, tournent la tête vers la ville, vers les marchandises abandonnées et saluent la statue de Manzoni. Combien ne reverront jamais leur beau village? Et qui aura la grâce de revenir? Jusqu'où cela ira-t-il?

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Rovere10
la statue de Carlo Rosmini l'écrivain qui a eu de longs entretiens avec le grand écrivain Alessandro Manzoni

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Rovere12
la piazza Rosmini

L'évacuation en 1915 de Reviano où vivent Tribus et sa famille Rovere11
Le fort de Rovereto

Les environs de la gare de Rovereto regorgent d'autres réfugiés qui attendent leur tour. Ils voient errer des vaches, des veaux, des chèvres abandonnés avec ou sans le nom de leur propriétaire sur les cornes (selon les instructions des gendarmes, tout bétail devait être libéré des écuries et muni d'une étiquette indiquant le propriétaire ... afin de pouvoir le rendre à leur retour, un mensonge pitoyable pour faire penser à un départ à court terme). Une femme d'Isera, surprise par la maladie, a été hospitalisée au couvent des Grâces près de la gare où elle a reçu les saintes huiles; heureusement, elle a pu récupérer et partir...

Nous passons ainsi cinq heures, peut-être les pires de notre exil. Aux questions: quand partons-nous? Où allons-nous? Personne ne nous répond. Enfin vers 11 heures du matin notre train est prêt. Il s'appelle "Isera et Reviano-Folas" et nous sommes accompagnés de réfugiés de Noriglio, Lizzanella, Terragnolo, Marco, Mori et Rovereto. Nous montons au milieu de la confusion dans les wagons qui sont pour la plupart ceux utilisés pour le transport du bétail; tous sont dépourvus de lumière et en partie aussi de bancs; les bagages servent de sièges. Au bout d'un moment, un sifflement aigu, long et aigu se fait entendre, suivi d'un ordre sec et le train part; d'abord lentement, comme pour nous laisser le temps d'apercevoir pour la dernière fois le village natal dans l'obscurité de la nuit; puis brusquement la vitesse augmente! Des adieux, beaucoup de sanglots, mélangés avec le bruit du train en marche et le roulement du canon. Après les émotions et la fatigue de la journée, la plupart d'entre nous s'endorment.

[...]

Avant de partir pour le pire mes sœurs Adalgisa et Amelia avaient pensé à cacher leurs trousseaux. Elles l'ont mis dans notre cave dans un tonneau vide et propre avec du papier autour. Il y avait tout leur linge, draps, taies d'oreiller, robes, chemises. Le tout très bien emballé avec leurs broderies, dentelles ... Un vrai trésor! Et puis des bas qui à l'époque étaient tous faits à la main. Mais il ne suffisait pas de bien fermer le tonneau et la porte de la cave, car à notre retour, 4 longues années plus tard, nous n'avons rien trouvé du tout: il n'y avait même plus les portes, pas même les tonneaux, pas même un mouchoir pour essuyer nos larmes.

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Je portais la plus belle tenue du dimanche, une jolie paire de chaussettes, des chaussures, dans un sac à dos pour changer 4 paires de chaussettes et de lin, quelques sabots, mon livre d'église, un livre des aventures de Pinocchio, et ce récit des faits - j'avais un peu plus de 13 ans ; ma famille a eu mille pensées, ils ne savaient pas par où commencer, mais l'heure de départ est vite venue. Une chère amie à moi Mariotta rêvait d'un bon voyage, de nouveaux pays, d'autres coutumes, un certain laisser-aller et la nouveauté d'aller en train visiter d'autres pays: Lostereich (c'est-à-dire l'Autriche). Ces rêves se sont vite évanouis et lentement nous avons découvert la réalité alors nous avons pris avec nous pour manger du pain et du fromage, une mortadelle, un peu de vin.





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Guido Scartezzini (qui n'avait que 8 ans en 1915), rappelle le lent flux de personnes, de charettes, d'animaux qui ont traversé le pont sur l'Adige en provenance d'Isera et de ses hameaux pour se rendre à la gare de Rovereto ; il rappelle également la confusion de la place de Sacco, où les réfugiés ont dû libérer les animaux, laisser les charrettes et abandonner tout ce qui dépassait les 5 kilos de poids. En parlant d'animaux, un rapport de la municipalité en chef de Sacco certifie que 81 bovins ont été laissés "à l'armée" rien que que dans son village.
Et c'est ainsi que l'histoire de Guido se poursuit: "Malheureusement, le jour, l'heure du départ, est arrivée pour nous aussi. Ma famille n'avait ni charette ni animaux avec lesquels elle aurait pu transporter au moins les 5 enfants à la gare et les quelques vêtements qu'ils pouvaient emporter pour ce pèlerinage forcé. Deux autres de mes frères ont été emmenés par leurs grands-parents maternels à Canzolino (Pergine). Ma mère seule ne pouvait pas apporter de vêtements, de nourriture pour nous tous; de plus, elle devait porter dans ses bras un bébé de huit mois seulement. Pour résoudre ce problème, elle a pris toutes les housses des coussins, s'est mis au travail en cousant deux cordes sur chaque housse pour les transformer en sacs de montagne ; avec ce système, nous, les enfants, pouvions transporter les quelques vêtements autorisés par les autorités. Lorsque nous sommes arrivés à la gare, nous avons vu des mères et des personnes âgées malades en larmes et le train de marchandises qui nous attendait pour l'embarquement et le départ. Pour nous, les enfants, c'était un peu différent car notre attention s'est presque transformée en enthousiasme en voyant, pour la première fois de notre vie, des trains partir et arriver. "

Le voyage des réfugiés était long (3 à 4 jours pour arriver à destination car les convois militaires devaient être prioritaires), fatigant (en quelque sorte presque toujours transporté dans des wagons à bestiaux et donc sans lumière, chauffage, toilettes, bancs), adouci, dans la mesure du possible, par une aide alimentaire distribuée par la Croix-Rouge lors de longs arrêts dans les gares; ces arrêts permettaient également de «ramasser» tous les jeunes de 15 à 18 ans et tous les seniors de 42 à 55 ans, à «militariser» immédiatement et à envoyer dans la zone du Col di Lana pour préparer les fortifications. Cette brutalité supplémentaire, du fait qu'elle n'était pas prévue, a été plus douloureuse et traumatisante pour les familles déjà jugées et inquiètes de leur sort.

Tribus n'ayant que 14 ans y a sans doute échappé mais pas ses frères aînés ;
ni son père

[...]
Maintenant, nous avions commencé à savoir ce qu'était la guerre et, par la suite, nous avons de plus en plus souffert: faim, soif, sommeil sur un matelas de paille, maladie et mort.

[...]

Après deux jours et deux nuits dans le train des bêtes, nous avons tout de suite compris que les rêves n'étaient que des rêves mais la réalité de la guerre est vraiment différente; nous avons tout de suite compris que notre maison, notre lit n'était plus ciré. Le wagon de transport des réfugiés n'avait pas de fenêtres, juste une grande porte d'entrée qui pouvait être fermé mais on restait dans l'obscurité. Lorsqu'eel était ouverte, il y avait une barre de fer pour se protéger, mais quand le train roulait, l'air entrait et donc vous ne saviez pas quoi faire! Dans cette salle, il y avait 36 ​​personnes, grandes et petites, un grand banc en face de la porte et une poubelle dans le coin. Nous les petits, pour nos besoins personnels, avons couru après quelques buissons, quand le train s'est arrêté, mais les vieillards ... Il y avait un grand bruit, certains des vieillards étaient sortis de chez eux et n'avaient pas penséa à leurs bêtes! Certains voulaient aller à la cave parce qu'ils avaient soif, les enfants pleuraient parce qu'ils avaient faim ou sommeil. Ils pleuraient, les enfants perdus pleuraient, quelqu'un désespérait de ne pas avoir bien fermé la porte d'entrée, ensuite ils avaient faim et soif...

[...]

Mes deux frères étaient toujours avec moi et tous ensemble avec un mouchoir mouillé nous avons fait du train un dernier adieu au pays natal.En arrivant à Innsbruck, un gardien est venu demander s'il y avait des garçons pour le travail: Guido est resté avec nous et Mario ils l'ont grillé (pris) et l'ont emmené.

Finalement, après avoir voyagé pendant cinq jours et cinq nuits, je me suis retrouvé dans un petit village; il était tard dans la nuit et nous avions tous peur et nous avons dû marcher encore une heure sur la route et nous sommes arrivés dans une grande écurie avec de grands et gros chevaux à l'intérieur qui étaient vraiment effrayants à regarder; nous y sommes restés deux nuits, puis ils nous ont emmenés dans un grand porche plein de foin avec tant de gens que je ne connaissais pas et nous y sommes restés deux mois, quels jours tristes, toujours en pleurs, avec la désolation du père dont je n'avais pas de nouvelles et de mon frère aussi et pour la douleur de me retrouver dans ces conditions, oh combien pleurent!

http://www.associazioneborgoantico.org/files/quaderno_17.pdf


Dernière édition par Ulysse92 le Lun 15 Mar 2021, 11:50, édité 23 fois (Raison : Reprise des traductions sommaires faites par Google Traduction)
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