Histoire des 2 curés de la Bazouge de Chemeré

C'est Victor POLAS né à Paris le 28 novembre 1870 qui a passé 25 ans à la Bazouge de Chemeré et qui suite à un don au diocèse a fait transformer l'ancien hôtel de la Croix (quartier de la Croix Verte) en école du Sacré Cœur avec salle de théâtre à l'étage. Il a donc du arriver vers 1919. Il mourra en 1944 à 73 ans. Dans cette école on dit qu'il a enseigné pendant 15 ans et s'est peut-être arrêté quand il a été malade en 1940. Donc l'école et le théâtre ont du ouvrir entre 1922 et 1925 environ.

En 1921 l'abbé POLAS est encore tout seul à la Bazouge de Chemeré, il débute... mais n'est pas encore déclaré professeur

Donation de l'hôtel puis transformation en école et théâtre entre 1922 et 1925 (après l'électrification du bourg en 1924)

En 1926 l'abbé POLAS héberge une vieille tante de 79 ans et il a une domestique. il est enfin recensé en tant que professeur! Donc L'école est donc ouverte!

En 1926 l'église brûle et ne sera réouverte (baptême des cloches) qu'en 1930.

En 1931 l'abbé POLAS a une domestique et une institutrice adjointe (donc c'est lui le directeur-institeur de l'école)

En 1936 il a 66 ans et a du laisser l'enseignement un peu de côté car il dispose de deux institutrices dont une seule est adjointe pour l'école.
s'il a vraiment enseigné 15 ans comme le dit la mairie à sa mort, il aurait commencé en 1920??? et finir en 1935 : douteux!
Son voisin de St-Georges-le-Fléchard, toute petite paroisse, doit souvent venir participer au théâtre.

Lieutenant Columbo a écrit:
Peut-être qu'alors ils cherchent un décorateur et trouvent dans un annuaire les coordonnées de Tribus à Paris ou à Trizac???
Victor Polas est né à Paris. Peut-être sa famille parisienne lui recommande Tribus?
Et son adresse à Trizac est connue d'un parisien qui fait suivre la demande...

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9684013b/f11.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9763088f/f621.item
Annuaire 1900 (il en faudrait un de 1930)

Mais la France entre en guerre en 1939 et les allemands nous envahissent en juin 1940.
Tribus devra s'évader de St Nazaire pour venir exécuter cette commande

Personne de la Bazouge ne nous a parlé de cette commande mais ceux qui sont témoins aujourd'hui n'étaient que des enfants

Dès 1940, l'abbé Polas est malade et l'abbé Bondis vient le seconder.
C'est à sa mort qu'Eugène Bondis sera nommé officiellement curé de la Bazouge en 1944. Et la mairie reconnaissante payera les funérailles de l'abbé POLAS.


Le diocèse de Laval a répondu à mes questions et éteint certaines de mes hypothèses.

Diocèse de Laval a écrit:
Eugène Bondis est né le 7 juillet 1905 au Horps. Le Horps est un grand village entre la ville de Mayenne et Javron les Chapelles.

https://www.ebay.fr/itm/Portrait-General-Gouraud-Gouverneur-Militaire-de-Paris-France-1923-ILLUSTRATION-/293105701718

Pendant son service militaire où il était le chauffeur du général Gouraud, gouverneur militaire de Paris, il a été grièvement blessé et a du rester 5 mois à l'hôpital.
(C'est peut être à Paris qu'il a attrapé le goût du cinéma)

Il est entré à l'âge de 25 ans (donc en 1920) au grand séminaire de Laval.  Il a été ordonné le 6 avril 1935 (à l'âge de 30 ans).
Dans son temps au séminaire de Laval il a sûrement vu et peut-être aussi joué au théâtre.

Il est d'abord nommé administrateur d'Arquenay en 1935-1936 (sans doute la maison de retraite des sœurs) et prêtre dans son village natal.

Ensuite Eugène Bondis devient curé de saint-Georges-le-Fléchard pendant 8 ans de février 1936 à 1944 (village mitoyen de la Bazouge de Chemeré, de seulement 252 habitants!...);

Il aide le curé malade de La Bazouge de Cheméré dans les années 1940-1944 (commune de 689 habitants).

Il devient curé de La Bazouge de Cheméré en 1944 (à 39 ans) et il reste là jusqu'en 1961 (à 56 ans).
Il a fait beaucoup pour l'enseignement libre dans sa paroisse. Il était actif sur le plan du cinéma pour tout le diocèse.

Il est devenu curé de Châtelain en 1961 (56 ans) et y est resté jusqu'en 1997 (à 82 ans car à l'époque on ne trouvait déjà plus de curé et on les gardait jusqu'à l'extême limite)

Selon les sources ce n'était pas un homme facile!

Il n'a jamais eu auparavant un poste dans le diocèse de Saint-Flour (Cantal où il aurait pu croiser Tribus).

(Avec mes commentaires entre parenthèses et en italique et mes illustrations)


La première information que le diocèse nous apporte est qu'en 1942 le curé Eugène Bondis n'est pas encore curé de la commune, il est seulement le curé de celle d'à côté et n'est donc que vicaire à La Bazouge où il vient assister un curé âgé, Victor POLAS (recensé en 1936 : né en 1870, donc 72 ans en 1942) . Cette assistance est peut-être un peu intéressée car Eugène Bondis rêve de La Bazouge de Chemeré qui dispose depuis longtemps d'une salle paroissiale toute équipée au-dessus de l'école libre.

En 1936 Eugène BONDIS s'installe à St Georges le Fléchard avec sa mère Marie OGER de 62 ans devenue veuve.
Elle mourra 20 ans plus tard mais ne suivra pas son fils à La Bazouge.




La deuxième information que le diocèse nous apporte est que Bondis n'est pas facile à manier. Il faut donc lire entre les lignes que l'évêque n'en fait pas ce qu'il veut, il a vraiment beaucoup de personnalité!

Il circule à moto comme ce curé de Vals :

Pour économiser les frais de projection de film, il bricole l'électricité avant une séance de cinéma. Pour lui ce n'est pas du vol...
Il fait un tout petit trou dans le compteur et y insère une sorte de petite tige qui vient freiner la roue du compteur pour qu'elle ne tourne pas trop vite... Et quand les agents de l'EDF qui sont pour lui des communistes trop payés, découvrent son stratagème, ça barde! On se croirait dans un film avec Don Camillo et Peppone.


https://www.francebleu.fr/emissions/pop-story/107-1/seance-seduction-avec-m-eddy
Il règne en maître de la dernière séance en allant repérer les bons films à projeter, et il passe d'un clocher à l'autre les boîtes de film, il forme des projecteurs, il suscite des vocations et plus tard des salles paroissiales vont se monter non loin et Tribus ira les décorer et y peindre des décors.

Il anime aussi énormément l'équipe de théâtre et monte des pièces de théâtre. En plus de peindre les décors, Tribus met en scène ces pièces de théâtre et propose certains acteurs.

Par amitié, Tribus offre le fameux tableau du Porche à l'abbé Bondis qui plus tard le donnera à son départ au boulanger de la place de l'église M. Bourdin avec lequel il s'entendait bien. Et plus tard M. Bourdin considérera ce tableau comme patrimoine du village et le lèguera à la mairie, mais entre-temps le tableau au cadre un peu lourd s'est décroché de son clou et la toile s'est un peu déchirée. La mairie devra donc faire restaurer ce tableau.

Au bout de 17 ans l'évêque intervient pour le faire changer de paroisse au grand dam de l'équipe municipale qui l'appréciait tant, mais l'évêque dit au maire "vous vous occupez de vos administrés et moi des miens".

chut!:

Donc si l'abbé BONDIS recueille et cache Guiseppe Tribus vers 1942, ce n'est pas forcément qu'il le connaissait d'avant



La troisième information que le diocèse nous apporte c'est qu'on n'a pas de lien avec le Cantal où se trouve Tribus quand il est curé en Mayenne (sauf vacances éventuelles de Bondis dans cette région).

Inspecteur Maigret a écrit:
Guiseppe Tribus est donc sacrément chanceux d'être tombé sur le village de la Bazouge de Chemeré où les deux curés sont fans de théâtre!!!

Reste-t-il quelques pistes pour que Tribus connaisse l'abbé Baudis ou la Bazouge de Chemeré avant son évasion :

• On a bien un territoire commun à BONDIS et TRIBUS, c'est Paris mais Bondis y est de 1918 à 1920 et Tribus ne doit quitter l'Italie qu'après 1921.
  
  
• Serait-il allé en vacances dans le Cantal vers 1936 quand Tribus y résidait (au moment de congés payés) voir un de ses collègues de séminaire affecté là-bas; Je ne sais pas si ayant été formé à Laval un prêtre pouvait s'établir à St Flour? Une sorte d'Erasmus pour curé?
  
  
• un STO de la Bazouge aurait-il vanté là-bas les mérites du village de la Bazouge de Chemeré équipé d'un théâtre? Et Tribus l'aurait suivi en douce...
  

Après avoir longuement interrogé samedi Jean Broussin 87 ans mémoire vivante de la commune j'ai corrigé l'article précédent...

Et puis lundi je suis passé à la mairie de la Bazouge de Chemeré pour y apprendre le cursus de Victor Polas et aux archives pour y trouver leurs photos d'identité.